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Qu’est-ce que la Santé Publique ?

Si vous avez atterri sur cette page, c’est qu’aucune des réponses déjà trouvées sur internet ne vous a satisfait. De plus, (presque) personne au cours de l’externat ne prend le temps de définir comme il le faut la Santé Publique, et elle finit par être connue des externes comme « la spécialité-planque pour repasser l’ECN » ou « la spécialité du travail bureautique ».

Et si, après la vision de ce vidéo du CLISP, vous n’êtes pas encore satisfait, nous vous proposons ici une double approche pour comprendre ce qu’est la Santé Publique : d’un côté, une progression déductive, en partant des définitions issues des déclarations internationales et des lois françaises ; et d’un autre côté une progression inductive, en vous présentant des exemples pratiques des domaines d’application de la Santé Publique.

Approche déductive : définition de Santé Publique

« La Santé Publique représente l’ensemble des efforts par des institutions publiques dans une société pour améliorer, promouvoir, protéger et restaurer la santé de la population, grâce à une action collective ». Telle est la définition de la Santé Publique élaborée lors de la 53eme session du Bureau Régional du Pacifique Occidental de l’OMS en 2002.

La Loi de Santé Publique du 9 aout 2004 de la République Française précise les dix fonctions essentielles de la Santé Publique :

  1. Surveillance et observation de l’état de santé de la population et de ses déterminants ;
  2. Lutte contre les épidémies ;
  3. Prévention des maladies, des traumatismes et des incapacités ;
  4. Amélioration de l’état de santé de la population et de la qualité de vie des personnes malades, handicapées et des personnes dépendantes ;
  5. Information et éducation à la santé de la population et organisation de débats publics sur les questions de santé et risques sanitaires ;
  6. Identification et réduction des risques éventuels pour la santé liés à des facteurs d’environnement et des conditions de travail, de transport, d’alimentation ou de consommation de produits ou de services susceptibles de l’altérer ;
  7. Réduction des inégalités de santé par la promotion de la santé ainsi que par le développement de l’accès aux soins et aux diagnostics sur l’ensemble du territoire ;
  8. Qualité et sécurité des soins et des produits de santé ;
  9. Organisation du système de santé et de ses moyens de prévention et de prise en charge des maladies et des handicaps ;
  10. Démographie des professions de santé.

Un médecin de Santé Publique occupe une position à l’interface entre les différentes professions qui composent aujourd’hui les institutions publiques – économistes, managers, ingénieurs, juristes, politistes, sociologues – mais ce n’est pas pour cette raison qu’il « arrête d’être un vrai médecin ».

Qu’est-ce donc qu’un vrai médecin ? « Quelqu’un qui a appris et exerce le métier de la médecine », dirait-on. Eh bien, la connaissance de la médecine à l’échelle de l’individu est incontournable pour être pertinent dans les démarches complexes à l’échelle de la population. Et le but des démarches de Santé Publique, comme vu dans la définition de l’OMS, est bien celui d’améliorer, promouvoir, protéger et restaurer la santé. Donc, le médecin de Santé Publique met à profit ses connaissances de la physiologie, de la pathologie, de l’épidémiologie, de la sémiologie et de la thérapeutique, acquises à l’École de médecine, pour produire un effet sur la santé des individus. La différence cruciale par rapport au médecin clinicien est dans la déclinaison de la sémiologie : là où les semeia (du grec signes) que le clinicien doit interpréter sont ceux du corps, par le biais de l’examen clinique, des examens biologiques et des examens d’imagerie, le médecin de Santé Publique se sert des « signaux » et des « indicateurs », recueillis par les mécanismes de détection, d’enquête, et de signalement, pour connaitre l’état du système dont il s’occupe.

Approche inductive : typologie des manières d’exercer de la Santé Publique

(Vous pouvez aussi décliner ce paragraphe sous forme de réponse à la question « Quels sont les débouchés d’un internat en Santé Publique ? »)

Nous avons vu dans le paragraphe précédent que les buts d’améliorer, promouvoir, protéger et restaurer la santé de la population ont été déclinés dans le JORF en dix fonctions principales. Nous vous proposons une liste encore plus détaillée, en dix-sept points, des différents domaines d’intérêt de la Santé Publique :

  • Addictologie
  • Appui à la recherche,
  • Cancérologie,
  • Économie et management de la santé,
  • Épidémiologie,
  • Hygiène,
  • Médecine préventive,
  • Médecine scolaire et universitaire,
  • Médecine sociale,
  • Pharmacologie,
  • Promotion de la santé,
  • Protection maternelle et infantile,
  • Qualité et sécurité des soins,
  • Santé environnementale,
  • Santé internationale,
  • Santé numérique,
  • Sécurité sanitaire

En tant que médecin de Santé Publique, vous devrez choisir un domaine d’intérêt, ainsi qu’un outil de travail. C’est pour cela par exemple, que les spécialistes d’épidémiologie des maladies infectieuses et les spécialistes de management des hôpitaux ont travaillé ensemble pour répondre à la pandémie de COVID-19. Ou encore, les spécialistes en promotion de la santé et les spécialistes en médecine préventive se côtoient dans l’élaboration des campagnes de prévention des cancers.

Nous vous proposons ici des profils-type de médecins de Santé Publique que vous pourriez devenir. La liste ne peut pas être exhaustive, car même si les fonctions principales sont bien définies, le développement des nouveaux outils ne s’arrête jamais. Peut-être qu’un jour vous développerez un nouvel outil d’intelligence artificielle pour prévoir les épidémies, qui sait ?

  • Addictologue au sein d’un CEIP (Centre d’évaluation et d’information sur la pharmacodépendance)
  • Biostatisticien dans un CHU ou une entreprise
  • Chef de projet en promotion de la santé dans une instance publique ou une collectivité territoriale
  • Consultant d’une entreprise de santé numérique
  • Data scientist expert en données médico-administratives SNDS dans un CHU ou une entreprise
  • Directeur d’un SSU (Service de Santé Universitaire)
  • Epidémiologiste à Santé Publique France
  • Médecin coordonnateur d’un Centre d’Investigation Clinique d’un CHU
  • Médecin coordonnateur de la sécurité sanitaire dans une ARS
  • Médecin expert dans le Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI) au sein d’un CH ou de l’ATIH (Agence Technique pour l’Information sur l’Hospitalisation)
  • Médecin scolaire au sein de l’Éducation Nationale
  • Membre de la commission de la transparence de la HAS
  • Méthodologiste des essais cliniques au sein d’un CHU ou d’une CRO (contract research organization)
  • Pharmacologue au sein d’un CRPV, de l’ANSM, ou d’une industrie pharmaceutique
  • Spécialiste en hygiène au sein d’un service hospitalier
  • Toxicologue au sein d’un CAP
Combien gagne-t-on en exerçant la Santé Publique ?

Dans la dernière Enquête sur le devenir des anciens internes de Santé publique, réalisée par le CLISP en 2012 et parue en littérature (Guerra et Dugué, 2019), on trouve que :

  • 69,4% des répondants avec ≤ 5 ans d’ancienneté post-DES gagnaient entre 2500€ et 3999€ nets/mois.
  • Dans les classes d’ancienneté 5-10 et 10-15 ans post-DES, 47,6% et 51,4% respectivement des répondants se plaçaient dans l’échelon entre 4000€ et 5499€ nets/mois.
  • Dans la classe ≥ 15 ans d’ancienneté, la distribution était plus variée, avec 34% des répondants encore dans l’échelon 4000-5499€, 35,3% dans l’échelon 5500-6999€ et 13,3% dans l’échelon 7000-8499€.

Ces chiffres devraient être revus à la hausse en raison des mises à jour du point d’indice pour les fonctionnaires publics appliquées depuis, et des revalorisations salariales du secteur privé liées à l’inflation.

Comment est organisé le DES en Santé Publique ?

Le DES se déroule sur 4 ans : une année de Phase Socle, deux années de Phase d’Approfondissement, et une année de Phase de Consolidation (Docteur Junior). Entre la Phase d’Approfondissement et la Phase de Consolidation, vous pourrez réaliser une FST (Formation Spécifique Transversale)/Option au choix parmi :

  • FST Addictologie
  • FST Bio-informatique médicale
  • FST Hygiène
  • FST Pharmacologie/Thérapeutique
  • FST Médecine Scolaire
  • FST Nutrition
  • Option Administration de la Santé

Plus d’informations à ce sujet sont disponibles sur le site du CLISP. Pour avoir plus d’informations sur la FST Pharmacologie/Thérapeutique, consultez le site du CNPM (Collège National de Pharmacologie Médicale). Nous avons crée un répertoire des stages agrées en Auvergne-Rhône-Alpes pour cette FST.